Ardèche : les pierres gravées de Creysseilles




Nous voilà partis pour une drôle d’aventure : une balade à la découverte des pierres gravées de Creysseilles. Alain Claudin, le guide de cette sortie Paléodécouvertes, nous conduit hors des chemins battus,  sur un site de gravures rupestres.
Paléodécouvertes est une association qui organise des balades géologiques en Ardèche et dans les environs. D’autres animations, ainsi que des expositions sont aussi proposées dans le cadre du Museum de l’Ardèche, le musée d’histoire naturelle à Balazuc. Les fondateurs du Museum, et notamment le paléontologue Bernard Riou, sont à l’origine de ce collectif.




Le point de départ se situe dans le minuscule hameau du Prieuré. L’église de Saint André est un solide bâtiment roman, conçu pour résister au vent et au froid – nous sommes ici à plus de 700 mètres d'altitude, les hivers sont rudes.

Devant l’église, une première pierre sculptée retient notre attention : ce n’est pas une gravure rupestre ! Il s’agit vraisemblablement d’une sculpture sur un cénotaphe, c’est-à-dire une pierre qui représente un défunt, qui n’est pas dans le tombeau. Ou encore un couvercle de sarcophage. En attendant de trouver s’il est fait mention de l’origine de cette pierre quelque part, il est difficile de dire avec exactitude à quoi cela correspond.
Nous prenons la direction du col des Croix de Creysseilles, en remontant la petite route. La vue sur les montagnes environnantes est grandiose, le ciel a fini par s’éclaircir. Sur l’origine des « croix », les avis diffèrent – croix d’un « chemin de croix » en lien avec l’église ? Ou encore en lien avec les croix plus anciennes gravées sur les pierres ?



« Nous sommes sur une crête volcanique qui date de la formation du Coiron, c’est une partie qui a été séparée du reste du massif, et qui est maintenant au-dessus de la couche de grès, sur laquelle nous allons trouver les pierres gravées. »

Nous descendons ensuite sur le chemin d’Eyrebonne. Eyrebonne est le hameau qu’on aperçoit en bas du volcan de la Chirouse. 

Le volcan de la Chirouse est un site du Géopark, et aussi un magnifique but de randonnée, au départ de Pranles. voir l'article : On va marcher sur la lune ! Balade au volcan de la Chirouse



Plus loin, un petit chemin part dans la montagne et permet d’accéder au site rupestre – il n’est pas balisé, il faut connaitre*.
Nous arrivons à l'entrée du site. 


Je reprends ici quelques indications données par Alain : Le site est composé de 68 pierres gravées. Elles sont réparties sur un champ vaste, une zone de 800 mètres de long sur 150 m de large, à 750 mètres d'altitude. Une partie des pierres est située sur le rebord d'une falaise, l’autre dans un grand champ. 

Les symboles utilisés sont connus : des croix, des demi-cylindres (cupules),des fers à cheval (idoles). Les pierres gravées ne semblent pas avoir une orientation commune. En opérant différents recoupements avec d’autres sites préhistoriques plus au sud, dans le Gard et même en Espagne, les chercheurs les font remonter au Néolithique.


Les pierres gravées sont difficiles à trouver. Les gravures sont peu profondes, elles sont en partie recouvertes par de la végétation, et notamment par des lichens et de la mousse. Nous continuons à grimper pour atteindre la 2ème partie du site.

Un rocher est plus connu et plus accessible : les pieds du diable. Après 5 minutes de recherches, et grâce aux bons yeux d’un de nos plus jeunes participants, le rocher est localisé. En versant un peu d’eau dessus, les sabots du diable apparaissent enfin.


Source :  Année 1959  56-9-10  pp. 518-538





Je continue avec les explications de notre guide : Le site était situé sur un lieu de passage – on n’a pas trouvé de traces de lieux d’habitation, ni de sépultures. C’était peut être un lieu de culte.

Pour la fin de la balade, les participants s’égayent dans la 2ème zone du vaste champ sur lequel se trouvent les pierres. Les 50 rochers ont été extraits d’une carrière proche pour être installés autour du champ par les hommes préhistoriques. Là, les croix et les cupules sont plus faciles à repérer, mais nous n'avons pas pu tout explorer ! Alain, qui est venu plusieurs fois sur le site, n'a réussi à en découvrir qu'une trentaine, avec le plan en main...

 En résumé, une bien belle balade, avec des airs de chasse aux trésors ! et d'autres petits trésors de la nature, j'en ai trouvé aussi ;)
orchis brûlée



  
NB : Cette balade est à faire avec un guide - l’accès n’est pas indiqué, le site se trouve sur un terrain privé, l’accord du propriétaire est nécessaire. Et les patous montent la garde…
Pour aller plus loin :
-      Un article de la revue Ardèche Archéologie, 2016 :  sur les rochers gravés de Creysseilles et de Pranles
-          Le site de Philippe Hameau « expressions graphiques, de la préhistoire à nos jours »

Commentaires

  1. C'est super intéressant....je regrette de ne pas avoir pu faire cette balade/découverte : la remettre au programme l'an prochain !
    Bravo aux organisateurs-découvreurs.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Coups de cœur !